• Histoire d'eau, ou comment je suis devenu Niortais.

    Publié dans "Autre" et mis en ligne le jeudi 2 octobre 2014 à 16h15

    Jean-Michel, fidèle lecteur, a adressé à La Gazette le message suivant : "Pexinois depuis quelques années seulement, je me suis laissé dire, qu'il n'y a pas si longtemps, Sainte-Pezenne était une commune à part entière. Qu'en est-il exactement ? Quand la commune de Sainte-Pezenne a-t-elle rejoint la commune de Niort ? Pourquoi ?". Voici, cher Jean-Michel, quelques éléments de réponse.

    Histoire d'eau, ou comment je suis devenu Niortais. Tout commence au début des années 60. A cette époque, la commune de Sainte-Pezenne compte un peu plus de 3000 habitants. Sa population se répartit, principalement, au coeur du village et à Surimeau (hameau rattaché à Ste-Pezenne) et, dans un habitat dispersé, le long de la route de Nantes, de la route de Coulonges et de la rue d'Antes. La commune occupe alors une vaste superficie de 1819 ha délimitée, à l'ouest, par le quartier de l'avenue de Nantes et, à l'est, par le quartier de la route de Parthenay. A titre de comparaison, à la même époque, la ville de Niort occupe une superficie de seulement 1150 ha pour une population d'environ 38000 habitants.

    La ville de Niort se trouve "encerclée" par 4 communes périphériques (Souché, Sainte-Pezenne, Saint-Liguaire et Saint-Florent) alors qu'elle a un besoin patent de foncier pour faire face au développement de sa population et à l'expansion de son économie. De leur côté, les communes "encerclantes" peinent à financer leurs équipements et leurs services publics (les impôts y sont d'ailleurs plus élevés qu'à Niort). Ces considérations et intérêts partagés vont conduire ces 4 communes à fusionner avec la ville de Niort entre 1962 et 1971.

    Mais ce ne sera pas sans heurts à Sainte-Pezenne.

    Au début des années 60, Sainte-Pezenne, profitant de sa situation aux portes de Niort, commence à se développer à un rythme soutenu. Entre la route de Coulonges et l'avenue de Nantes les terres agricoles laissent progressivement la place à de nouvelles constructions qui accueillent, pour l'essentiel, des "étrangers à la commune". Un des premiers lotissements est celui du quartier de Bellevue en haut du Côteau-St Hubert. Mais comme son nom l'indique, le Côteau constitue un point haut et se pose rapidement la question de l'alimentation en eau du futur lotissement.

    Histoire d'eau, ou comment je suis devenu Niortais. Sainte-Pezenne dispose bien d'un château d'eau situé dans le vieux bourg (là ou se trouvent aujourd'hui les pépinières du Lycée Horticole, rue Angélina Faity), mais ce château d'eau (qui ressemble d'ailleurs plus à une réserve ou à une citerne qu'à un château d'eau) est trop vieux, trop petit et surtout pas assez haut pour alimenter les nouveaux quartiers qui commencent à sortir de terre. 

    Or la ville de Niort a construit, 10 ans plus tôt, un immense château d'eau sur le point le plus élevé de la ville, en haut de la rue du Vivier. La commune de Sainte-Pezenne, qui ne peut faire face au coût de la construction du nouveau château d'eau dont le besoin est patent, demande à la ville l'autorisation de se connecter sur le réseau de distribution niortais.

    La ville de Niort accepte le principe mais conditionne son acceptation à la fusion des deux communes. Et c'est à partir de ce moment que les débats s'enflamment… pour une histoire d'eau !

    Deux clans s'affrontent au sein du conseil municipal ; celui conduit par le maire de l'époque, Henri Lambert, tenant de l'autonomie et de l'indépendance à tout crin et celui conduit par Jean Gaisné et Adrien Giraud qui considèrent que la commune n'a plus les moyens de son indépendance et qu'il est de l'intérêt des administrés de se tourner vers la grande ville. Les débats sont âpres, animés et passionnés.

    Histoire d'eau, ou comment je suis devenu Niortais. Ces deux clans se retrouvent parmi les habitants. Ceux qui se rangent derrière la bannière d'Henri Lambert sont plutôt des Pexinois d'origine qui résident soit dans le coeur de bourg, soit dans le hameau de Surimeau. Ils demeurent particulièrement attachés à la pérennité du village qui les a vus naître et grandir. En revanche les partisans de Jean Gaisné et d'Adrien Giraud, plus jeunes et qui sont souvent de nouveaux arrivants, espèrent une baisse de leurs impôts et voient la possibilité d'accéder plus aisément aux services et équipements de la grande ville voisine. En résumé, on assiste à une sorte de "querelle des Anciens et des Modernes" mâtinée d'un peu de Clochemerle à deux pas de Chantemerle !

    Le 14 mars 1965, les élections municipales mettent un terme aux débats. Henri Lambert, maire sortant et héros de la Résistance, est sévèrement battu. Jean Gaisné triomphe. Le nouveau maire et son premier adjoint, Adrien Giraud, se mettent immédiatement au travail et peaufinent le dossier de rattachement. 

    Le 16 avril 1965 Sainte-Pezenne et Niort fusionnent officiellement. Le conseil municipal de Sainte-Pezenne se saborde. La commune disparaît. Elle devient un quartier de Niort et… profite de l'eau du Vivier ! Jean Gaisné et Adrien Giraud rejoignent le conseil municipal de Niort, le premier en qualité d'adjoint spécial pour le quartier de Ste-Pezenne, le second au titre de simple conseiller municipal. 

    Histoire d'eau, ou comment je suis devenu Niortais. Le 2 juin 1965, le conseil municipal de Niort débaptise la rue du Chateau d'Eau (tout un symbole) et lui donne le nom de la rue de la Chaintre-Brûlée. La boucle est bouclée. Une page de notre histoire est tournée. 

    C'était il y a près de 50 ans. Avec le recul on peut se demander si la décision prise par les Pexinois était la plus opportune. Difficile de répondre à cette question. Le bâtiment de la mairie, héritage du passé et incarnation de la commune, a été transformé, au fil des ans, en mairie-annexe, en mairie de quartier, en maison des services publics pour finir par abriter, dans l'ancienne salle des mariages, la bibliothèque du quartier.

    La solution choisie par les Pexinois était sans aucun doute la plus sage. La création, quelques années plus tard, de la communauté de communes de Niort (transformée en CAN le 1er janvier 2000) aurait, en tout état de cause, mis un terme au rêve pexinois.

    Mais Dieu que mon village était joli !

    Georges Duroy 

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  • Commentaires

    1
    Jean-Michel
    Jeudi 2 Octobre 2014 à 16:23

    Lorsque je vous ai posé la question, je n'en espérais pas tant ! Merci beaucoup et surtout félicitations pour votre article.

    2
    Gribouille
    Vendredi 10 Octobre 2014 à 07:02
    Bonjour, avez vous transmis ces informations très intéressantes à wiki Niort ?
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    3
    Vendredi 10 Octobre 2014 à 09:11

    Bonjour Gribouille,

    Je n'ai rien transmis à Wiki-Niort. Les informations publiées par La Gazette peuvent être reprises par Wiki-Niort dès lors que la source est indiquée. Wiki-Niort peut se mettre en relation avec moi via la rubrique "contact" de ce blog.

    4
    Gribouille
    Jeudi 16 Octobre 2014 à 22:08
    Ces informations pourraient intéressé le groupe "Hier Ste-Pezenne" du centre socioculturel (CSC). Il s'agit d'un groupe d'habitants qui recueille la mémoire du quartier, et qui rédige des articles diffusés sur wiki niort.
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